mercredi 25 mai 2016

Maigrissez en vomissant par le nez*

*Je n'ai pas réussi à résister au plaisir coupable d'un titre racoleur, un de ceux qui ferait doubler les ventes d'Elle dans le monde entier (l'équivalent éditorial des fesses d'Emmanuelle Beart en somme)

J'ai développé au cours de ma vie d'adulte, une capacité exceptionnelle à enfourner une énorme quantité de nourriture en un minimum de temps (un peu comme les Anglais avec la bière et les horaires restrictifs de fermeture du pub ...). Moi, qui était toujours la dernière à finir mon assiette à la maison, quand sur la table ne restait en fait que mon assiette et que mon père attendait impatiemment que je finisse mon dessert pour pouvoir lancer le lave vaisselle (Peut être était ce une tactique pour ne pas débarrasser ?). Moi, que tous mes amis attendaient à la cantine avant d'aller boire un café à la cafète du lycée. Que c'est il passé ? Je blâme le boulot, les réunions à 14h dont il faut préparer le support, les plateaux repas alors que tu es sensée prendre des notes / présenter / répondre du tac au tac au questions plus ou moins farfelues d'un monsieur en costume avec de la sauce salade sur sa cravate. 

Cette capacité prodigieuse, s'est étendue à tout style de nourriture (cacahuètes, tarte aux pommes, côte de boeuf entière et même choux de bruxelles mais-seulement-si-je-n'ai-pas-le-choix-que-de-les-manger-pour-faire-plaisir-à-la-maitresse-de-maison-parce-que-j'ai-horreur-de-ça) et toutes les situations : je mange à vitesse grand V comme pour éviter qu'un grand me pique mes frites, même quand je suis seule chez moi avec du potimarron à diner. 

A la suite d'une petite diète aux allures de gastroentérites, j'ai eu cette idée lumineuse : et si je prenais le temps de tout bien mâcher pour éviter les morceaux que je pourrais vomir par le nez plus tard. Oui je ne sais pas pourquoi quand je vomis, je vomis aussi par le nez. Je suis désolée pour ces détails peu ragoutants dans cet article de fond (et en même temps si vous êtes choqués / dégoutés / écœurés, vous vous êtes sans doute trompé de blog), mais c'est extrêmement désagréable de vomir par le nez, voire franchement douloureux quand un petit pois à moitié digéré vient se coincer dans le fond de votre narine droite pendant 2 heures. 
Bien mâcher, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucun morceau, et bien c'est pas si simple que ça. Ça demande une mâchoire bien musclée et un vrai déconditionnement du "Si c'est bon, il faut que je remette une bouchée avant même d'avoir avalé celle d'avant". En société c'est encore plus dur, surtout si tu es un peu bavarde comme moi parce que de nouveau tout le monde t'attend (hé, hé, je ne suis pas la seule à avaler tout rond)  ... et tu finis par manger froid vu le temps que tu mets.

Mais en compensation, je dois avouer qu'avec ce rythme de mastication, il est quasiment impossible de finir un hamburger de chez Schwartz sans avoir les dents du fond qui baignent. C'est un peu comme si les aliments mastiqués prenaient plus de place que ceux en morceaux (ou que le signal de la satiété prend du temps à apparaitre, mais je trouve ça chiant comme explication). Du coup forcément tu manges moins.
Alors oui je n'ai pas découvert un nouveau continent et tous les nutritionnistes, gastro-entérologues et autres naturopathes le savent depuis longtemps. Il parait aussi que ça aide la digestion, réduit les ballonnements et tout ... mais surtout tu fais le plaisir de tes amis en leur laissant la parole à table (... et en pétant moins ?), sans compter l'activité physique exceptionnelle déployée dans l'activité de mastication : c'est tout bénéf

Bref, si jamais vous testez le régime "comme si tu allais vomir par le nez" pour être belle / beau en maillot cet été, j'attends vos commentaires avec impatience.

samedi 21 mai 2016

Ma grande cousine

Ce matin, je ne voulais pas me lever car je savais qu'à moins d'un miracle, j'aurais un message m'apprenant la mort de ma cousine, Florence. Le miracle n'a pas eu lieu. Ma cousine est morte paisiblement hier soir de son 3ème cancer. Elle était tellement solaire que nous voulions profiter d'elle le plus longtemps possible. 
Elle est morte au printemps après avoir été très malade tout l'hiver, comme Eden dans Jalna. Elle n'a pas pu s'allonger une dernière fois sur une chaise longue dans son joli jardin fleuri pour réchauffer son corps affaibli sous les rayons du soleil et regarder son fils jouer.
C'était une superwoman, une guerrière au visage de madone, une star qui laisse une pluie d'étoiles et de larmes au fond de nos yeux.  

Lorsque j'étais petite, elle était ma cousine adorée et mon modèle. Elle avait seulement quelques années de plus que moi mais elle me portait inlassablement sur son dos pendant nos jeux d'enfant. J'étais toujours bien et heureuse avec elle. Elle était la première de sa classe et jouait merveilleusement bien du piano, mais elle n'était pas peste pour un sou, au contraire elle témoignait d'une patience infinie envers ma soeur et moi. Elle adorait s'occuper de nous et jouer à la grande. Une fois adulte, elle continuait à signer ses messages "ta grande cousine" et à m'apporter son aide. Lorsque je l'avais appelée il y a deux ans juste la veille de son amputation du bras pour vaincre le 2ème cancer, elle voulait savoir si j'avais un mec et faisait plein de plans pour que je rencontre quelqu'un; lorsque je suis passée la voir avant de partir pour les Pays-Bas il y a un an, alors que son 3ème cancer venait de démarrer, elle me disait qu'elle espérait de tout coeur que je rencontre un bel et grand hollandais (ou n'importe quelle nationalité, elle n'était pas sectaire). Ensuite elle m'écrivait qu'il fallait que je garde le moral, qu'il était là de toute façon, qu'elle aimerait bien me dire où mais qu'elle ne savait pas non plus et que cela la saoulait d'ailleurs! Dans ses pires moments de détresse, elle restait généreuse et altruiste. 
Elle a eu son premier cancer, une tumeur au sein, il y a 8 ans, elle lui a rapidement botté les fesses et est retournée à sa vie d'avant. Son deuxième cancer, une tumeur dans le haut du bras, a démarré lorsqu'elle était enceinte il y a 5 ans. Elle a réussi à supporter la radiothérapie et aller au bout de sa grossesse et son bébé est né en parfaite santé. Mais le même cancer est revenu à la charge quelques temps après et elle a du sacrifier son bras. Après avoir son amputation, elle continuait à sourire et à virevolter et on avait l'impression qu'elle cachait son bras gauche derrière son dos pour faire une farce. 
Elle avait aussi la plus belle voix du monde, bien placée, claire et sereine avec une petite nuance moqueuse. Elle avait d'ailleurs commencé des cours de chant en octobre, malgrè la tumeur dans son poumon, son 3ème cancer, "même pas peur" comme elle disait.
Elle était ultra féminine et se maquillait tous les jours, même quand elle était affaiblie par la chimio, même avec un bras en moins. Elle ne voulait pas être considérée comme une malade et que les gens aient pitié d'elle. Elle aimait tellement la vie. Elle profitait de ses insomnies pour savourer la tranquilité des nuits et pour écrire à son fils pour plus tard. 
Elle avait inventé un jeu, il fallait trouver des noms défoulatoires, improbables, vulgaires pour parler de sa tumeur au poumon, celle qui lui faisait respirer si difficilement et ne lui permettait plus de vivre une vie normale, mais à ce jeu-là, je n'ai jamais réussi à jouer.



Florence est tout à gauche, elle regarde sereinement la personne qui prend la photo. Je suis à côté d'elle et ensuite il y a une autre de mes cousines et ma soeur. Nous sommes dans le jardin de nos grands-parents assises sur le bureau que mes parents venaient d'acheter pour ma soeur et moi.
Les moments heureux de notre vie sont là pour nous aider à surmonter les moments douloureux.

AB