dimanche 23 août 2015

Enfin bref, je suis tombée dans le port

Il y a des jours où je m’étonne moi-même, et dans ces cas là c’est rarement dans le bon sens.

Imaginez un petit port de plaisance de la côté Oléronaise, un soir d’été, quelques étoiles qui décorent la voute céleste, le clapotis des vagues qui murmurent contre les coques de voiliers et une douce brise qui vous enveloppe comme un duvet moelleux, toute prête que vous êtes à aller rejoindre Morphée après une belle journée en mer.
Ca c’est pour le côté poétique de ce post, je ferais moins ma maligne après.

Imaginez encore cette belle journée en mer. J+3 de votre stage sous la coupe d’un skipper qui répond à tous les clichés d’un téléfilm du jeudi soir sur M6 soit : buriné, bourru, solitaire, un peu vieux garçon, un vieux garçon peu prompt au compliment. Capitaine Igloo vous en a pourtant gratifié d’un –de compliment– et ce, pas plus tard que l’après-midi même, compliment aussi inattendu que valorisant car il ne visait pas à qualifier la manière dont votre short Décathlon en synthétique déperlant rehausse avantageusement votre énorme popotin mais bien celle dont vous avez réalisé avec brio l’amarrage de son voilier.

Un « Bon j’le dis pas souvent ... mais bon... vous vous débrouillez pas trop mal, ca va » qui vaut toutes les mains au cul du monde par Javier Bardem c’est moi qui vous le dit (Capitaine Crochet lui en revanche garde ses mains dans ses poches il est gentil merci).

Cette journée avait donc été magnifique : du soleil, un peu de vent pour gonfler les voiles, une partie de toboggan aquatique au moment de barrer sous spi (oui je fais encore ma connasse, vous inquiétez pas, ca va pas durer) et le plus beau nœud de taquet que vous ayez jamais réalisé, réalisé justement lors de l’amarrage. La journée parfaite donc (Javier Bardem en moins) et qui ne pouvait que se clôturer par une soirée parfaite.

Et à 22h27 c’était bien parti pour (oui 22h27, ca va le vent ca crève et vous êtes gentils j’ai plus 19 ans) : dents brossées, pipi réglementaire évacué, Biafine consciencieusement appliqué sur un visage quand même bien rougeau, la botte de paille sur le somment de mon crâne enfin démêlée, l’esprit insouciant et légèrement guillerette après cette splendide journée de navigation, ne me restait plus qu’à remonter sur le bateau pour aller bouquiner. En plus j’étais tranquille, les autres étaient tous partis s’encanailler au bar (ou s’envoyer en l’air dans les marais salants allez savoir), le bateau était donc tout à moi.

La trousse de toilette sous le bras, l’Iphone encore bouillant des SMS que j’avais enfin réussi à envoyer dans la main, je cheminais gaiement seule sur le ponton, sotte que j'étais. Tiens voilà le bateau, tralala encore 10m sur le ponton, encore 5 et je tourne sur le catway, je tourne sur le catway, encore 2m, encore oh meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee………rde !!!

Me voilà à la flotte.

Que s’était-il passé ? Sûrement une histoire de distance mal évaluée, de rétrécissement du ponton mal considéré, de catway pas éclairé putain c’est pas possible d’être aussi imprévoyant, trou noir, attaque de Daesh, ou intervention des martiens peu importait, honnêtement à ce moment-là la seule chose à laquelle j’ai pensé c’est « ok donc là je suis à l’eau ».

A l’eau et toute seule.

Réfléchis, réfléchis, réfléchis.

A cet instant mon ange gardien qui était parti se faire un sandwich a eu la bonne idée de repasser. Merde mais qu’est ce qu’elle trafique encore celle-là? C’est pas vrai je peux pas aller bouffer deux secondes sans qu’elle se ramasse quelque part. Et il s’est mis à réfléchir avec moi.

Regarde. Ponton. A ta gauche. Gauche. Non l’autre Gauche. Ok pose-ton-téléphone-et-ta-trousse-de-toilette-dessus. Mon ange gardien n’a pas vraiment le sens du timing mais il est pragmatique quand il le faut.

Ça s’était fait. Bon que fait ta main droite maintenant ? Ah, elle est agrippée à l’amarre du bateau du voisin. Bien c’est sans doute pour ça que tu n’as pas basculé la tête la première dans l’eau croupie. Ok. Mon ange gardien a posé son panini quatre fromages et m’a aidé à récapituler. Donc te voilà 1) en pyjama, 2) suspendue comme un saucisson à l’amarre du bateau du voisin, 3) le corps dans de la flotte dégueulasse. Bien.


Mon ange gardien s’est gratté la tête et s’est concentré. Ok mets tes pieds sur le ponton pour voir. Fait. Qu’est ce que ça donne ? Pieds sur le ponton + bras accrochés à l’amarre => cul toujours dans la flotte. Non ça n’allait pas.

Réfléchis, réfléchis. Après avoir pris un peu de recul pour mieux évaluer la situation, mon ange gardien qui est un peu salaud parfois a fait la grimace en estimant à -58 mes chances de parvenir à faire un rétablissement comme dans les films avec Tom Cruise grâce à mes abdos en mousse. Faut trouver autre chose. Réfléchis, réfléchis, réfléchis.

Ok. Je sais, le bateau se rapproche du ponton 2m plus loin, vas-y fais la tyrolienne. 
Cette fois-ci, c’est moi qui ait fait la grimace. Oui je sais a rétorqué mon ange gardien, si quelqu’un te choppe à faire le cochon-pendu au beau milieu de la nuit sur l’amarre d’un bateau au milieu du port, ta dignité ne s’en remettra jamais c’est sur, mais tu ne vas pas non plus passer la nuit à pendouiller comme un string abandonné sur une corde à linge, là faut y aller. Aller vas-y ! Aller, une main en avant, et puis l’autre encore encore encore, haut-hisse la saucisse, a crié mon ange gardien, haut-hisse, pose tes pieds sur ce foutu ponton, soulève tes grosses fesses et …….saute!

Ca y est !

Et j’y étais. Debout sur le ponton, haletante, le pyjama collé à mes cuisses ruisselant des litres d’eau sale, mes chaussures bonnes à jeter, des dizaines de bleus qui commençaient à gentiment moutonner sous ma peau, et un fou rire qui montait, qui montait.

C’est à ce moment-là que le propriétaire du bateau voisin, sans doute alerté par le bruit de baleine échouée que j'avais fait en me fracassant contre la coque de son voilier a fait son apparition. 

Complètement affolé. « J’ai entendu un grand bruit ça va ? »

Moi, l’air hagard  « Absolument oui merci »

« Euh, mais qu’est ce qui s’est passé ? »

« Ah ça », regard vers mon pantalon dégoulinant. « Ben… ben alors en fait rien, c’est juste euh.. enfin j’ai fait tomber ma trousse de toilette à l’eau »

A cet instant mon ange gardien a décidé que je n’avais qu’à me démerder avec mes explications pourries, que si c’était pour en arriver là il n’aurait même pas du se déranger et il est parti se faire un loto.

Le voisin a regardé mon pantalon dégoulinant, puis ma trousse de toilette parfaitement sèche et il a dit « Ah bon ? »

J’ai relevé la tête « Oui c’était ça le bruit »

Tout en hochant la tête, le voisin a re-dit « ah bon ? » 

Ben non ducon tu vois bien que je suis tombée à l’eau !

Aussi impassible que la Reine d’Angleterre qui viendrait de trouver un nudiste dans sa cuisine j’ai pourtant confirmé : « Oui et du coup, enfin … du coup j’ai du aller dans l’eau pour la récupérer ».

Voilà.

Le voisin a écarquillé les yeux et n’a plus rien dit. Royale je lui ai souris, ai effectué un gracieux demi-tour et lui ai souhaité une bonne soirée avant de regagner mon bateau comme si de rien n’était. J’ai même réussi à résister à l’idée de me retourner pour le regarder, certaine qu’il était en train d’appeler Sainte Anne ou Cyril Hanouna pour me faire passer dans le grand bêtisier de l'été.

Une fois sur le pont, j’ai prié mon ange gardien de revenir deux minutes pour faire le guet, puis très tranquillement je me suis mise en culotte, très élégamment j’ai essoré mes vêtements qui sentaient le mazout (et sans doute aussi un peu la pisse) et avant que le fou rire ne me fasse définitivement perdre tout contrôle, d’un pas digne et assuré je suis rentrée en slip dans ma cabine.

Comme une princesse.


Enfin bref : je suis tombée dans le port.

vendredi 14 août 2015

Ma chatte est un mâle


A la fin du printemps, j'ai adopté un petit chaton. 10 semaines avant, un ami avait eu une portée et je m'étais dit que c'était un signe. J'ai craqué sur la petite boule de poils grise de la portée. 

Après quelques semaines, mon ami a identifié que ce devait être une femelle et en tout cas un chaton très câlin et avec de longs poils tout doux et une jolie frimousse. 


Depuis fin juin on se fait de longues séances de ronron et de jeu. Cette petite chatte est vraiment très mignonne, peu farouche et bien élevée. Bref je gagatte bien avec ma minette. 

Hier cependant, tandis que la demoiselle était en train de faire sa toilette à côté de moi; je vois apparaître une petite chose rose au milieu de la toison de la bête ... un pénis ! 

En farfouillant dans les poils, je finis par identifier 2 mini-roustons ... Il faut se rendre à l'évidence : 
Ma petite chatte est un mâle 

Vous me direz que ça n'a pas vraiment d'importance, la bête allant de toute façon se faire stériliser dans 1 mois et donc ne pas développer les caractères sexuels secondaires mâle ou femelle ... et bien j'avoue que ça me perturbe quand même et que j'ai bien malgré moi associé des éléments de genre (douceur, tendresse, "mignonitude" ... féminité, quoi) au sexe de cette femelle. Alors que le chat n'a évidemment pas changé de comportement et est toujours aussi choubidou et craquant, c'est ma vision du chat qui a changé. Moi qui me pensait libérée des visions genrées de la société, je me fais rattraper par le fait qu'Egalité ne veut pas forcément dire Unicité et que oui, pour nous développer et vivre dans la société nous nous assimilons à un genre (qu'il soit ou non celui lié à notre sexe). Ou alors est ce que mon chat serait le 1er transgenre de son espèce ?

Ce qui est drôle c'est qu'au moment où je décidais de l'adopter (et donc j'ignorais son sexe), telle une femme enceinte je cherchais des prénoms. Je me suis tout de suite fixée sur un prénom masculin. J'ai du attendre de savoir de que c'était une femelle pour en trouver un féminin. Compte tenu des récents événements, j'ai donc décidé de rebaptiser le chat (qui ne répondait de toutes façons pas à son nom ...) pour lui donner le nom initialement prévu : Earnest en référence à la pièce d'Oscar Wilde. Notez l'ironie compte tenu qu'Ernest le personnage principal dans la pièce mène une double vie ...

Bref, il ne me reste plus qu'à donner un petit cours particulier d'anatomie à mon beau vétérinaire à l'accent rital ... SDC

vendredi 7 août 2015

Ces moments de complicité entre amis

Ah les vacances ! Les apéros au bord de l'eau, loin de tout, profiter du temps qui passe, de ses amis ...

Jusqu'à "WOUAH TROP COOL Y A DU WIFI DANS LE RESTO !"

Suivi d'un merveilleux moment de complicité où chacun est rivé sur son portable pour au choix poster des photos de mer turquoise sur Facebook et participer au grand concours "mes vacances sont meilleures que les tiennes" / donner des nouvelles à maman et au chat / lire ses mails du boulot / commander la cellu-cup sur internet parce que ça a des trop beaux résultats sur les cuissots de ta pote / écrire un post sur le blog après 12 mois d'absence ...
Enfin quand ça finit par un tchat sur whatsapp avec les 2 personnes étant à moins de 3 mètres de toi, c'est très con mais c'est pour ça que c'est bon ! 

lundi 3 août 2015

Le jour où j'ai fait pipi sur le toit

Décidément les voyages en Grèce sont une source inépuisable d'aventures. Il y a 2 ans c'était le bain de minuit qui tourne en gag.
Cette année c'est en intérieur (ou presque) que ça se passe. 
Ça commence dans la petite chambre du haut de notre charmante maisonnette typiquement grecque au dessus de la falaise. Vous savez ces maisons blanches aux volets bleus avec les toits plats. 

A part un vent à decorner Valérie Trierweiller tout se passe bien. Je me couche sagement avec Clavicule Méditative dans la petite chambre du haut dans nos lits jumeaux en laissant à l'Ami Ricoré tout le loisir de mettre la clim à -5 dans la grande chambre du bas. Ça se gâte au moment où je me lève, la bière de la veille m'ayant réveillée tôt ... et que la poignée de la porte me reste dans la main. 

Bien sûr la porte s'ouvre vers l'intérieur donc impossible de sortir. N'écoutant que ma vessie, je réveille Clavicule Méditative pour qu'elle alerte l'ami Ricoré par WhatsApp (heureusement Clavicule Méditative dort avec son portable). Celui ci après avoir bien rigolé et essayé sans succès d'actionner la poignée de l'autre côté, est allé appeler le housekeeper. Après nous avoir informées que celui ci arrivait dans 20 minutes pour nous sauver, l'Ami Ricoré, fidèle à sa réputation, est allé chercher le pain pour le petit dej. OK on était sauvées mais ça ne résolvait pas vraiment mon problème houblonesque qui devenait d'autant plus urgent qu'il fallait attendre (un peu comme quand tu as réussi à tenir pendant 20 minutes dans le métro mais que les 15 secondes pour chercher-les-clés-ouvrir-la-porte te semblent insupportables). 

Alors que j'étais en train de regarder avec envie la bouteille d'eau vide que Clavicule Méditative, décidément pleine de ressources, avait emmenée pour la nuit, j'ai eu une idée de génie. Comme la superficie de la petite et seule chambre du 1er étage ne représente qu'1/3 du RDC je devrais pouvoir passer par la fenêtre pour aller sur le toit au-dessus du salon (Vous noterez la mobilisation neuronale intense du cerveau en ce petut matin de vacances ... c'est vous dire si la situation était grave). 

Bref j'ai ouvert les volets, escaladé la fenêtre, aterris sur le toit, bravé le vent en m'orientant intelligemment. Indiana Jones à côté de moi c'est un amateur !

Quand le housekeeper à ouvert la porte d'un seul coup de pied, on était en petite tenue mais présentables. L'Ami Ricoré a beaucoup ri de ne pas avoir usé de ses muscles mais s'est fait pardonner à coup de yaourt grec et de pastèque. 

La morale de cette histoire est que Clavicule Méditative, bien que motivée, n'a pas réussi à suivre mon exemple, bloquée par la peur de se retrouver sur YouTube du fait d'un voisin indélicat. Décidément, les réseaux sociaux tuent l'esprit d'aventure, mes amis !